GACY ***

Publié le par videodrome

 

gacy4sur5 De façon générale, ses grands meurtriers inspirent l'Amérique ; plus particulièrement, John Wayne Gacy, le clown-meurtrier de l'Illinois, a été la source d'un film pour la télévision, To catch a Killer/Disparitions sanglantes, et de ce film éponyme à la piètre réputation. Pure série B, ce Gacy, en collant à la réalité du personnage, est pourtant fascinant.

L'oeuvre prend la forme d'une chronique des derniers jours avant la chute (et donc la révélation à la face du Monde) du Monstre. Contenir, maquiller, esquiver l'horreur commise, c'est le lot quotidien de ce patriarche aimable et rondouillard, entrepreneur à succès à ses heures, investi dans la vie du quartier jusqu'à interpréter Pogo le clown pour les enfants. Gacy revêt ainsi une façade mainstream tendant vers la médiocrité ordinaire (c'est un beauf comme un autre) pour masquer (jusqu'à lui-même, peut-être) les dégâts engendrés par ses pulsions.

Ce qui filtre : outre la puanteur suspecte de son sous-sol, un comportement parfois inapproprié et une éphébophilie latente (il joue à la lutte avec ses nouveaux employés) et, surtout, l'ampleur à laquelle, malgré ses allures et son tempérament manifestement débonnaires, John peut se fâcher.

C'est moins l'étude des mobiles d'un tueur (leitmotiv sans grande complexité du traumatisme occasionné par un père déplorant l'inertie de ''lopette'' de son adolescent reclus – cette genèse est évoquée dans une brève intro) que l'immersion dans la double-vie d'un ogre. La tension suscitée par le spectacle vient de l'imminence potentielle de la partie émergée de cette double-vie ; elle menace de surgir à tout moment et le spectateur redoute jusqu'ou elle pourra prendre l'ascendant.

La réussite tenait à un détail majeur, l'interprétation du tueur concerné. Et Mark Holton est brillant ; c'est une sorte de Divine glaçant, aux contradictions surréalistes (la scène ou il confie à un de ses amis qu'il a décimé est tétanisante). Mais surtout, cette façon de suivre le personnage sans avoir recours au moindre effet pour préférer confondre avec simplicité ses facettes, rend la vision affolante. En enlaçant dans un même mouvement les repères WASP et les effusions meurtrières, Gacy suscite un vertige esthétique et trouble durablement.

 

 

 

 

 

 

 

Note globale : 77

 

Film US de Clive Saunders (2003)

Avec Mark Holton, Adam Baldwin

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L
<br /> <br /> Là on s'éloigne. Je disais juste que je n'étais pas d'accord avec ton propos à dire que ce n'était pas le lieu. Je dis juste que le sujet pouvais s'y prêter, normal avec un tueur en série.<br /> <br /> <br /> Après, l'approche avec ou sans gore c'est selon ses propes goûts et là c'est une autre question ^^ Et moi aussi ça ne me choque pas que ce ne sois pas gore mais plus dans la suggestion.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> "Et pas gore, c'est vrai, mais après tout, ce n'est peut-être pas le lieu."<br /> <br /> <br /> Euh... tu as lu ce qu'a fait le bonhomme dans la vie réelle ? Si là ce n'est pas le lieu, ça ne le sera jamais <br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Oui, bien sûr, mais si le gore surgissait de façon intempestive, on lui aurait sans doute reproché de faire du gore pour trouver sa place. Le film dresse le portrait d'un malade ; pourquoi<br /> vouloir la complaisance ? On peut très bien évoquer les pires atrocités sans les montrer, en leur préférant leur genèse, ou le point de vue de celui qui les exécute. Encore une fois, ça ne me<br /> paraît vraiment pas être un impératif. Ca n'aurait rien ajouté au spectacle, déjà assez étonnant comme il est. C'est juste une question d'approche, moi je valide celle-ci.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Trouvé sympa ce film. Mais en effet, pédale douce sur tout ce qui aurait pu être gore. Un peu comme le Jeffrey Dahmer (quand on a lu sur le bonhomme). En allant plus loin, je dirai le syndrome<br /> American Psycho quoi ^^<br /> <br /> <br /> Sinon pour le film Henry Lee Lucas très décevant (en plus on sent le doublage VF pourri de chez pourri), ne pas le confondre avec le cultissime film de John McNaughton, Henry portrait of a serial<br /> killer.<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> American Psycho fait quand même assez Z par moments (la séquence de la tronçonneuse) et on dirait du Cronenberg junior. C'est plutôt "racoleur" mais sans une once de gore ; Gacy n'est pas<br /> racoleur à mon sens. Et pas gore, c'est vrai, mais après tout, ce n'est peut-être pas le lieu. J'avoue que je comprend mal ce reproche que vous lui faites tous ; on ne peut pas reprocher au film<br /> ce qu'il n'est pas !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> à noter qu'il existe une suite à Henry, mais je la déconseille fortement.<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Oui mais tu sais, j'essaierais forcément un jour ou l'autre, pour ne pas rester dans le doute et compléter une zone d'ombre. Quitte à le regretter..<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> perso, je range cet énième film de psychopathe parmi les tiroirs poussièreux dans lesquels on peut retrouver certaines productions peu passionnantes, notamment Henry Lee Lucas. Par contre, je te<br /> recommande vivement l'étrangleur de Boston, de Richard Fleischer<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Je connaît ce film de nom ; c'est noté. Pour Henry Lee Lucas, jamais entendu parler. Quand je citais HENRY, je parlais bien sûr d'HENRY PORTRAIT OF A SERIAL KILLER.<br /> <br /> <br /> <br />